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cident de nos petites destinées comme du sort des peuples, c’est un grand événement de vous avoir rencontrée ! Je vous aime, Aïcha. »

Elle écoutait en penchant la tête sur son épaule, tandis que ses bras étincelants sortaient des plis de laine blanche. Et elle savait bien que je disais des choses ardentes et tendres. À la fin, je me courbai ; je posai mes lèvres sur son petit pied.

Elle ne s’attendait aucunement à ce geste ; elle en demeura stupéfaite : cent fois plus étrange que mon discours, il annonçait des coutumes extraordinaires, une forme inconcevable de l’amour.

Mais les femmes comprennent vite les humilités du sentiment ; la Mauresque ne demeura qu’un moment surprise.

— Aïcha, je veux vivre pour toi, fis-je.

Elle sourit, elle secoua la tête, la malice de la femme s’alluma dans ses yeux graves.