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Un après midi, nous atteignîmes, après une marche assez pénible, le bord d’une rivière. Elle coulait, vive et frissonnante, parmi des palmiers, des myonnbos et des karités. Des flaques d’une herbe haute et fraîche apparaissaient entre les arbres. Et tout le terroir semblait promettre une chasse abondante à Saïd et à nous-mêmes. Mais il fallait s’assurer si la bête humaine ne vivait pas aux alentours. Comme j’avais beaucoup exploré le matin, et que j’étais las, ce furent Oumar et Abd-Allah qui se chargèrent de la tâche. Le premier s’éloigna sur un méhari ; le second partit à cheval ; je me trouvai seul avec Aïcha.

Nous nous installâmes près d’un havre, d’où l’on avait vue sur le courant. Et nous regardâmes couler l’eau avec ce plaisir qu’y prennent à peu près tous les hommes, depuis l’enfant et le sauvage jusqu’au vieillard. Longtemps, sans une parole, nous respirâmes l’ombre odoriférante. Nous