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qu’un regard pour saisir, la nature a promulgué une loi à laquelle les plus prévoyants se soumettent…

Quant au visage d’Aïcha, il faut bien avouer qu’il était ma grande préoccupation et ma grande inquiétude. Sans doute, je chérirais de toute manière la Mauresque, et pourtant !… Avec quelle fièvre je souhaitais que la courbe des joues ne fût pas inférieure à la beauté des yeux !

Je ne sais pourquoi elle n’avait pas encore relevé le nicab, ni abaissé le litham en ma présence. Vierge, elle n’était pas étroitement soumise aux prescriptions qui régissent l’attitude des femmes. Oumar, par surcroît, était plein de tolérance. Or, plutôt que de se découvrir le visage en ma présence, Aïcha mangeait à l’écart. Était-ce ma qualité d’étranger, était-ce quelque pudeur excessive ? Je l’ignorais. Le fait était là. Je ne connaissais de mon émouvante amie qu’une bande de visage !