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Les premiers mots échangés


De mon côté, je m’attachais. Après ma longue solitude, je dépensais naturellement mon épargne de « socialité » en faveur des premiers humains rencontrés sur ma route. Mais si j’aimais bien Oumar, si la présence d’Abd-Allah m’agréait assez, qu’était-ce, au prix de l’exaltation où me jetait le voisinage d’Aïcha ? Je ne la connaissais même pas, dira-t-on, je n’avais pas vu son visage, car ce n’est pas voir un visage que d’en voir un fragment. Eh bien, si ! je la connaissais. Dans cette vie au désert, l’être se révèle vite. Chaque acte d’Aïcha marquait une nature fidèle. L’aurais-je connue des années, bien des recoins de son caractère ne m’eussent pas été mieux révélés. Puis, l’amour ne s’est jamais plié aux règles des sages. En donnant aux grâces de la femme une signification si nette, si précise, et qu’il ne faut