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ples, dont la variété n’était qu’en nuances ! Il semblait qu’un monde inconnu me fût révélé. Cette nuit, ce désert, cette jeune fille, non seulement résumaient, mais renouvelaient la vie : je renaissais, j’oubliais le temps ; je croyais à je ne sais quelle éternité heureuse qui se confondait avec mon existence même !…


Nous rôdâmes pendant quelques jours à travers des régions qui étaient aussi inconnues aux Maures qu’à moi-même. Il s’agissait de brouiller nos traces ; nous nous y employâmes consciencieusement. Ensuite, nous reprîmes la route du nord-ouest qui devait conduire mes compagnons parmi des gens de leur race.

Saïd, qui avait d’abord été un obstacle et un danger, se familiarisait avec la caravane. Ses frasques devenaient rares. Nous avions soin d’avoir toujours quelque belle pièce de chair afin de couper court aux accès