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Je viendrai vous rejoindre plus tard.

Les Maures arrêtèrent leur fuite au bas d’un des mamelons, tandis que j’allais, à pied, retrouver Saïd. Il vint, haletant, d’autant plus que le souper l’avait appesanti, et d’assez méchante humeur. Son attitude n’était guère rassurante. Il grognait, il refusait de me regarder.

Malgré notre familiarité, j’éprouvais du malaise quand il m’accueillait ainsi : comment savoir ce qui se passait dans son âme obscure ? Il lui était si facile de me réduire en bouillie ! Je pris pour lui parler un ton grave qu’il affectionnait :

— Mon vieux Saïd, ne soyons pas morose, nous allons prendre du repos !

Il se calmait, il condescendait à tourner vers ma face ses yeux de phosphore, et j’eus relativement peu de peine à le diriger vers un mamelon où j’avais cru discerner une manière de caverne. Je ne m’étais pas trompé. Un repaire confortable se présenta.