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ment de me perdre alors que le péril était menaçant encore.

— Le lion dévorera ce cheval, déclarai-je. Pendant ce temps, tâchez de vous emparer des chevaux et des méharis et de les entraver[1].

— Nous les entraverons ! fit le vieillard. Tandis que je dirigeais mon lion vers la carcasse du cheval, les deux hommes et la jeune femme s’éloignèrent.

Le lion a la réputation de ne pas aimer les cadavres. Je crois que c’est vrai lorsque les cadavres sont « rassis », et complètement faux pour les proies fraîchement tuées. C’est alors une aubaine que le Seigneur à la grosse tête n’a aucune raison de dédaigner. En se trouvant devant un cheval qui tressaillait encore par intervalles, et dont les blessures répandaient un sang généreux, mon camarade

  1. Le lecteur comprend que le dialogue comporte des répétitions fréquentes et beaucoup de gestes : il serait fastidieux de l’indiquer.