Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaient, inquiets d’être seuls dans le désert, flairant l’émanation des maîtres, et avides de leur provende du soir ; tantôt, au contraire, ils fuyaient, effarés par l’odeur du fauve.

— Il faut reprendre ces bêtes ! répondit le vieillard, puis des armes et des provisions.

Aucune objection sage ne pouvait être opposée à ces paroles.

Mais un obstacle sérieux nous séparait des animaux. Tous nos regards convergèrent, dans une même pensée, vers le Seigneur à la grosse tête qui rauquait en secouant sa crinière. Comment réunir et faire voyager de compagnie les craintifs herbivores et le fauve pour qui ils ne cesseraient d’être un objet de convoitise ?

Allait-il falloir quitter mes nouveaux compagnons ? Cette pensée m’attristait ; il me sembla qu’elle n’était pas agréable non plus aux autres : sous l’impression de leur fabuleux sauvetage, ils craignaient visible-