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sur elle ; l’approche de mon lion éveillait une épouvante neuve.

— Ce n’est rien, dis-je en parlant très lentement pour rendre mon mauvais arabe plus intelligible… Le Seigneur à la grosse tête ne fera de mal à personne.

Elle me regarda avidement, d’un air effaré ; une même expression se marquait dans les yeux du jeune homme. Mais le plus âgé avait compris. Il répondit, aussi lentement que moi :

— Ma nièce a peur ! Ne peux-tu éloigner le lion.

Je me tournai vers Saïd et je passai ma main dans sa crinière. Puis, l’attirant et le guidant, je m’efforçai de le lancer vers le cadavre d’un cheval qui était venu s’abattre non loin de nous. Il se laissa faire ; mais quand je revins vers le groupe ; il me suivit. Sa méfiance était visible : il dardait ses énormes prunelles sur ces personnages, prêt, au premier signal, à les terrasser.