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devenu cher : j’espère ne scandaliser personne en disant que, en dehors de ma mère et de mon père, je n’avais eu autant d’affection pour aucune créature. Je souffrais véritablement à l’idée de l’abandonner ; je savais que je souffrirais plus encore lorsque je ne le verrais plus. Puis je m’étais profondément attaché à cette terre. Si encore j’avais pu emmener mon fauve camarade ! Hélas ! c’était impossible ; c’eût été une cruauté et une trahison. Néanmoins une force impérieuse me dominait — où, plus que le désir de revoir mon pays, je découvrais je ne sais quel sentiment du devoir. À la fin, je me décidai. Je partis, les larmes aux yeux, un matin, alors que le lion dormait. Pendant dix jours, je marchai à travers la contrée d’arbres ; je ne découvris pas trace de caravane. Le onzième jour, je trouvai une pirogue abandonnée, et je pensai que je gagnerais du chemin en m’y embarquant. Le courant était assez rapide quoique égal. Je