Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore ils avaient été en grand nombre ! Mais ils vivaient par clans, et ces clans, sans trop se faire la guerre, se haïssaient et n’empiétaient que rarement sur le territoire les uns des autres. Parmi les clans proches de notre forêt et ceux qui habitaient les grandes clairières, il n’y en avait aucun qui réunît plus d’une trentaine de chasseurs. Tout cela, outre une bravoure naturelle plutôt limitée, perpétuait la terreur du lion : la légende voulait que ce Carnivore fût invincible ; ai-je besoin d’insister sur la puissance de la légende parmi les hommes primitifs et même civilisés ? Elle s’accrut encore, cette puissance, lorsque des Nvoummâ aperçurent de compagnie l’homme pâle et le félin. Notre voisinage apparut calamiteux : les clans émigrèrent. Et l’histoire merveilleuse se répandit au loin, si bien que j’aurais pu circuler impunément auprès des villages et même y pénétrer : la population eût fui à mon approche. Aussi, pendant