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méfiance, grogna pendant un petit quart d’heure… Le lendemain, même scène, quoique moins vive ; le surlendemain, un simple froncement de sourcils, — puis l’habitude lui rendit familière cette chose étincelante et palpitante où je rôtissais chairs, fruits et racines.

Nous vivions dans une sécurité profonde. Il se trouva que les habitants du pays ne pratiquaient pas la chasse au lion, quoiqu’ils lui dressassent parfois des pièges. Je pense que l’insuffisance de leur stature et une faiblesse musculaire que n’accusait pas leur structure trapue, en étaient cause. Ils avaient les mains très petites, proportionnellement plus petites que leur taille ; ils n’employaient que des armes et des outils exigus. La portée de leurs arcs, mal construits, était des plus médiocre : pour attaquer le lion, ils devaient le faire de très près et courir, au moins pour une bonne partie des leurs, à une mort assurée. Si