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lette, je le débarrassais des insectes, je maintenais sa peau en bonne santé, soins dont il se rendait compte et dont il éprouvait une notable satisfaction. Peu à peu, je m’étais fabriqué des armes : une lance à pointe de granit, une hache, une massue, un arc et des flèches. Depuis trois ans que j’explorais l’Afrique, je m’étais souvent appliqué au maniement d’armes de toute espèce : je n’y étais pas maladroit. J’arrivai donc à fournir ma quote-part au repas, et par suite à dispenser mon camarade de mainte expédition : il ne demandait pas mieux, étant de nature paresseuse. Le difficile fut de lui faire admettre le feu. La première fois que je parvins à allumer un petit bûcher, il fut saisi de peur, puis de colère, il vint à moi avec son rugissement des mauvais jours. Mais j’avais appris à lui parler. Je poussai l’exclamation par laquelle je lui exprimais ma joie et mon amitié ; il se radoucit, considéra le feu avec