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Une amitié formidable


Je dormis bien, et lorsque je m’éveillai, j’eus à peine un frisson en me voyant couché près de la formidable brute jaune. La journée se passa tranquillement, et de même toute la semaine. Une intimité croissante m’unissait à mon hôte. C’était un animal intelligent, avec quelque chose de la nature affectueuse du chien.

Jusqu’à un certain point, il était tyrannique : je devais l’accompagner la nuit à l’embûche ; il ne me permettait pas de m’éloigner seul de la caverne. En retour, il subissait certains de mes caprices ; il me laissait toujours prendre ma part du butin avant de se mettre à le dévorer. Au reste, je lui rendais des services : moins habile à découvrir individuellement la proie, j’avais plus de sagesse pour choisir le lieu de l’embuscade, et d’autre part, je faisais sa toi-