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puni d’avoir voulu m’enfuir dans la nuit noire, au lieu de me terrer dans un repaire que l’odeur seule du lion suffisait à protéger contre l’approche des autres fauves. Et le cœur navré, j’attendis les événements. Les yeux de phosphore s’approchaient, un grand souffle s’élevait à mesure… et depuis un moment j’avais reconnu, malgré l’ombre épaisse, la silhouette du lion. Bientôt le fauve fut proche, il me frôla, il poussa son mufle contre ma poitrine : avec une joie violente, je compris que c’était lui, le souverain de la solitude, mon protecteur… Ce fut sans crainte aucune que je passai ma main dans sa crinière, et je le suivis avec un sentiment de sécurité parfaite. En route il ramassa une proie qu’il avait abandonnée pour me rejoindre, le cadavre d’un petit sanglier. Comme il connaissait mieux que moi la route (il avait lui-même contribué à la frayer), en moins d’une demi-heure, nous fûmes au repaire.