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je me mis en route. À peine avais-je l’ait cent pas, que je fus pris d’un accablement étrange : tous les périls courus dans cette maudite période, depuis le massacre de l’expédition, se représentèrent à ma mémoire. Je me vis si faible, si désarmé, si fragile… et celui qui m’avait sauvé de la poursuite de mes semblables apparaissait si puissant et si redoutable : quelle sécurité si je pouvais vivre sous sa protection !… J’eus bonne envie de m’en retourner, d’autant plus que je percevais des bruits inquiétants et des formes équivoques. Pourtant, je continuai ma route, m’efforçant de garder la direction de l’orient. J’avançai pendant une bonne heure, tantôt marchant, tantôt rampant, lorsque j’entendis un grondement dans l’ombre. Je voulus me cacher ; il était trop tard : deux prunelles dardaient sur moi leurs lueurs de lampyres !… Croiriez-vous que je fus moins effrayé qu’indigné contre moi-même ? Je jugeai que j’étais justement