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ment, puis, n’osant faire un mouvement trop rapide, de crainte d’exciter l’animal, ils battirent en retraite d’un pas assourdi. Il les avait vus, il avait levé la tête ; sa poitrine s’enfla, son rugissement passa sur les ramures comme la foudre sur les nues…

D’abord, le lion sembla vouloir prendre la chasse : il avait bondi. Mais il ne donna pas suite à ce premier geste ; revenant à pas tardifs, il s’approcha de moi.

— « Ça va être dur ! songeai-je. Pourvu qu’il me tue d’un seul coup ! »


Il ne se décidait pas à me détruire ; il avançait les narines, il grondait sourdement. À la fin, il me toucha du bout de ses griffes, avec autant de précaution que l’aurait pu faire un chat. Je me demandais si cette temporisation était plutôt effrayante ou plutôt rassurante. En somme, ma peur décroissait. J’osai considérer la bête ; l’idée me vint de risquer une caresse, et, me