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L’orage s’amasse au-dessus de ma tête


Le lion seul ne m’était pas apparu, quoiqu’il foisonnât dans cette partie de l’Afrique. Et l’homme non plus n’avait pas encore décelé sa silhouette verticale, l’homme, fauve des fauves, épouvante des épouvantes !… N’allez pas croire que je vivais dans une perpétuelle angoisse. Non ! l’accoutumance exerçait son pouvoir. J’étais triste, j’avais de fréquentes alertes, je souffrais de ma solitude : tout cela était fort supportable ; j’avais même de bons moments, de ces moments de joie sans cause, les meilleurs de la vie, et qui sont si loin de coïncider avec les événements ! Ce qui m’aidait à supporter mon mal, c’est que je ne souffrais pas de la faim. J’avais assez fréquenté l’Afrique pour connaître maints secrets de nègres : tels arbres me fournissaient une sève sucrée, source d’énergie, tels autres des