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qu’un seul. Par exemple, celui-là semblait de ma force — et par le souffle et par l’agilité. La partie fut terriblement indécise. Souvent, le nègre gagnait du terrain ; bientôt je lui arrachais son avance. Cela dura longtemps, deux heures peut-être. Mon galop devenait un petit trot tremblant ; mon cœur semblait devoir faire éclater ma poitrine ; mes oreilles sifflaient comme des locomotives ; je sentais les yeux me sortir des orbites. L’adversaire ne devait pas en mener plus large. Il était maintenant seul visible ; s’il m’atteignait, ce serait une lutte, homme contre homme. Seulement, il tenait une sagaie ; tandis que j’étais sans armes. Malgré cela, j’eus plusieurs fois envie de l’attendre, tellement je me sentais épuisé. Cette envie devint presque irrésistible lorsque j’arrivai au pied d’une colline. Je me retournai, prêt à combattre… Mais le poursuivant avançait d’un pas mou, trébuchant, zigzaguant. Ce spectacle me rendit du cou-