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en chercher les moyens. Tout en méditant, je défis à peu près mes liens, je les disposai de manière qu’ils tombassent dès que je le voudrais. Puis je me glissai au plus près d’un bouquet d’ébéniers, sans attirer l’attention de mes gardiens, occupés à déchirer leur part de viande. Il ne me restait, provisoirement, rien à faire. Je m’étendis, je feignis de dormir. Après un temps indéterminé, il sembla que mes gardiens avaient cédé au sommeil. Je m’en assurai en esquissant une série de mouvements qui n’attirèrent l’attention de personne. Que l’occasion fût réelle ou illusoire, je résolus d’agir. Mes liens tombèrent, je m’allongeai sur l’herbe, je rampai vers les ébéniers. Deux ou trois individus dormassaient à leur ombre ; les clameurs qui s’élevaient encore auprès du bûcher les empêchèrent d’entendre le bruit léger de mon passage. Par un bonheur inespéré, une herbe longue se présenta dès que j’eus dépassé les arbres. Je m’y engageai, je m’y