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le sort des autres. D’ailleurs, au bout de quelques minutes, toute fuite devint impossible : le tertre était complètement enveloppé.

— Eh bien ! vieux… on va aller voir de l’autre côté de la vie ! s’écria Marandon.

Il me saisit dans ses longs bras et me donna l’accolade. Il s’était fait un grand silence : les tireurs réservaient leurs cartouches pour l’ultime minute. Hélas ! cette minute était toute proche. Une cinquantaine d’agresseurs étaient déjà à mi-hauteur du tertre. Ils hésitaient, l’arrêt soudain de la fusillade leur faisant craindre un piège. Même, quelques-uns nous hélèrent, dans l’intention évidente d’obtenir notre reddition. Si leur langue avait été connue par l’un d’entre nous, j’aurais négocié pour avoir la vie sauve, quoique, au fond, je fusse persuadé que l’on nous duperait. Mais personne ne comprit. Bientôt une nouvelle poussée se produisit ; la fourmilière humaine arrivait au galop.