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Un combat dans la nuit

Des clameurs, des plaintes, des détonations m’éveillèrent. Quand on a beaucoup voyagé, on passe sans trêve du sommeil au réveil. Je vis tout de suite que l’heure du péril avait sonné pour notre malheureuse caravane : une légion d’êtres noirs et frénétiques se précipitait sur le campement Les premiers n’étaient qu’à une centaine de toises, d’autres surgissaient continuellement ; il y en avait au moins mille et nous étions quarante. Déjà deux sentinelles avaient péri ; la fusillade de nos tirailleurs semblait impuissante. Marandon avait d’abord donné ses ordres aux hommes de garde, il les donnait maintenant aux autres, éveillés comme moi à l’improviste. Nous étions perdus si nous ne parvenions pas à arrêter l’élan des agresseurs : il allait de soi que nous ne le pouvions pas en rase