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Quand il nous vit deux et tout le lac en rumeur, il s’arrêta encore. Nos regards se croisèrent. À ses yeux planes, si éloignés des nôtres, je lus la haine jalouse et aussi la terrible fatalité de la passion, quelque chose de profond, de douloureux et de sauvage à la fois.

Il existait, à quelques pas au-dessus du sentier, une étroite corniche, où l’on pouvait arriver par un rocher branlant, une de ces pierres tenues en équilibre par hasard et qu’un effort vigoureux déplace. Le plan du ravisseur de Sabine, comme on verra, était de gagner cette corniche ; mais, embarrassé de la jeune fille, il fut rattrapé par l’enfant, et j’arrivais moi-même de toute ma vitesse. Il cria quelque chose que je ne compris pas, et le pauvre petit fit une réponse où je devinai seulement une intrépide colère ; puis, deux minutes de lutte, l’enfant précipité du haut du sentier se fracassant la tête contre la muraille rocheuse. Une formi-