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rire. Elle lut ma désolation sur ma face troublée :

« Robert !… tu souffres ?… tu n’es pas malade ?… »

Je lui exposai les événements. Elle vint jusqu’à la porte constata la présence de notre ennemi, puis, quand nous fûmes rentrés :

« Alors, Robert, tu crois qu’ils nous livreront ?

— Peut-être ! »

Le peu de lune venu par le toit suffisait à nous éclairer. Je vis Sabine les yeux agrandis, farouche, comme une bête poursuivie. Elle se jeta contre ma poitrine. Je l’étreignis, avec quelle débordante passion ! Je baisai son front. Elle se tenait tout près, tout près de moi, son cœur répondait au mien, j’avais contre ma joue sa bouche tiède, et elle me rendit presque fou de douleur, d’orgueil, d’amour, en me disant qu’elle ne voulait appartenir qu’à moi, qu’elle mour-