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Il vint, mais hélas ! cette chose qui consternait la foule qui le faisait pleurer, lui, il ne put me la faire entendre. Tout ce que je crus saisir, c’est que ni Sabine ni moi pouvions nous éloigner de la cabane et que les noirs attendaient du renfort.

Qu’entreprendre ? Le fier conseil de tout à l’heure, qui avait ardemment refusé de nous livrer, céderait-il à des renforts ? Pourquoi l’athlète noir et son compagnon campaient-ils, sans être inquiétés, au bord du lac ? Je veillai lugubrement. Le sommeil de ma fiancée me parut semblable à un sommeil dans une prison avec l’attente du supplice. Surtout je me rendais compte de mon impuissance, je sentais que d’essayer un coup de force ne me sauverait pas et, au contraire, avait toute chance me perdre.

J’étais depuis longtemps ainsi aux mornes rêveries du malheur et de l’incertitude lorsque Sabine s’éveilla avec un sou-