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d’insultantes lanières, me donnait l’âme de quelque fanatique Hindou, de quelque saint martyr de la primitive Église.

Par les fumées d’un sol humide et surchauffé, à travers les grilles nettes de la pluie, j’entrevoyais les cavernes, je m’en approchais peu à peu. À cinquante pas, sous un magnifique éclair, je tombai tout du long sur le sol, mais ce ne fut pas du choc électrique, ce fut de voir Sabine au seuil d’une des cavernes. Elle se tenait assise sur une grosse pierre et regardait l’orage. Personne n’était auprès d’elle.

Je ne me relevai pas : je rampai doucement. À mesure, je m’apercevais qu’elle était bien seule. Comme elle fermait les yeux à chaque éclair, elle ne me vit pas. Toujours rampant, je me demandais s’il fallait entrer dans la caverne. Des Hommes-des-Eaux ne s’y cachaient-ils pas ? Puis une certitude brusque : ainsi que mon compagnon de voyage, les ravisseurs, de Sabine,