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s’élançaient vers le ciel, tandis que des nues descendaient, lentes d’abord, capricieuses, mais bientôt tout le lac se couvrit de flammes et de vacarme. La terreur de l’enfant me réveilla. Je lui fis signe de s’abriter au fond du lac et que je l’attendrais. Il accepta, bondit, disparut sous l’énorme agitation.

Resté seul, je bravai orgueilleusement la foudre. L’intarissable torrent coulait sur moi comme un ruisseau sur la montagne. J’ôtai tout le superflu de mes vêtements et, nu jusqu’à mi-corps, j’entrepris d’explorer les environs. On n’y voyait pas à cinq mètres dès que le ciel restait sans éclairs. Mais c’était rare : le lac et le ciel, luttant de tension électrique, peuplaient l’espace de reptiles phosphoreux.

Deux fois le choc me renversa, deux fois je me relevai avec un ricanement. Je me sentais au fond du malheur, dans la volupté noire des désespérés. L’orage, ses menaces, son tumulte infernal, sa pluie sur moi comme