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La dernière fois que je les vis, ils trottaient sous les branches, et leur théorie de mortelle pâleur semblait mue, comme les pattes de faucheux coupées, par une désolation mystérieuse…

Je m’étais remis à pagayer. L’eau devenant plus profonde, les arbres plus rares, je fis un peu de chemin dans les ténèbres. L’enfant s’était, je pense, rendormi. Toutes mes sensations furent alors des sensations de rêve. Il me paraissait qu’un trou noir aspirait le radeau, que j’allais sombrer à quelque abîme, que jamais je ne retrouverais la douce sensation de mes lèvres sur la chevelure de ma bien-aimée. Mon courage faiblissait ; je me rappelais cependant des minutes presque aussi âpres endurées avec patience au cours de notre voyage ; mais alors, il y avait l’énergie de Devreuse, la présence de Sabine, des compagnons européens, surtout les périls étaient prévus, la lutte entreprise contre