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blanc de vie souterraine, leurs cheveux pâles, couleur de cendre, les poils de leur poitrine moins foncés que ceux du dos. Je ne sais pourquoi leur présence m’apitoya ; peut-être l’attitude protectrice de l’enfant, peut-être un instinct qui me montra dans ces gens à la tête étroite des parias.

Je me les figurais comme ayant raté leur métamorphose. Rejetés par de puissantes nations mongoles dans ces contrées palustres inaccessibles au reste des hommes, ils avaient dû vivre de prudence et de réserve. L’effort permanent de trouver leur nourriture dans les marais et les étangs avait à travers les siècles allongé leurs membres. Puis de nouvelles peuplades de même origine étant survenues, soit qu’une impulsion plus ferme les eût portés jusqu’aux grands lacs, soit que le temps eût amélioré la région, ces derniers venus avaient pu choisir une adaptation audacieuse et souveraine, se faire amphibies, laissant loin derrière eux