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IV

Le chenal


Décidé à rejoindre Sabine, je m’ingéniai à en trouver les moyens. Un des petits troncs d’arbre de notre plancher, je le façonnai en godille avec mon couteau et, l’exercice de cette espèce d’aviron m’étant familier depuis l’enfance, j’arrivai à parcourir quatorze à quinze mètres à la minute. Certes, il faudrait ainsi bien des heures pour atteindre la rive invisible, mais l’action me coûtait moins que l’inaction ; j’étais heureux de me prodiguer pour mon amie, et je sentais déjà en récompense de l’effort me venir l’espoir.

Tout le reste du jour, ma godille tourna dans l’eau.

Le soleil déclinait lorsque j’aperçus les