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III

L’enfant-des-Eaux


Je me réveillai sur le radeau. Il était immobile et je m’y trouvais seul. Mon compagnon blessé avait disparu ; je cherchai en vain mes nageurs. Le lac, très pur, vivait sous le soleil sa grande vie clapotante, partout emportant vers l’horizon ou apportant vers moi, selon la brise, les poissons rutilants des reflets : des traînées lumineuses cernaient des plaques lourdes, luisantes et bossues comme du verre à bouteilles : des cuirasses imbriquées de pangolin, des réseaux bleus bordés d’orange alternaient avec de petits flots en cloches de cristal, avec des rides si minces et si pâles qu’on eût dit de biscuit de mer flottant, avec des escaliers lumineux montant vers le soleil et