Page:Rosny aîné - Les navigateurs de l’infini - NRC, 1925.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


tait dans ses yeux, les plus merveilleux parmi les yeux merveilleux de ses semblables.

Les sentiments qui m’attiraient auprès d’elle sont décidément indéfinissables. Ils comportaient une admiration plénière, le plaisir de découvrir chaque jour quelque beauté plus subtile, un ravissement qui tenait de la magie et qui m’exaltait comme jadis les déesses purent exalter un Hellène mystique, une tendresse sans analogie avec aucune tendresse connue : ni l’amour, qui semblait impossible par destination, ni l’amitié qui comporte une plus grande familiarité d’âme, ni la douceur qui naît à la vue d’un enfant. Non, c’était en vérité un sentiment incomparable et que d’ailleurs je ne comparais à aucun autre.

Je me souviens de promenades dans la sylve, au bord du lac ou sur les plaines