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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

violence où perçait de l’indignation. On voit bien que leurs communications d’être à être sont beaucoup plus parfaites que les nôtres et il doit en être ainsi pour des ensembles, pour des multitudes, ainsi que le prouvent les évolutions de leurs colonnes qui comprennent souvent des myriades d’individus, et les agitations collectives auxquelles nous assistons parfois.

— Sur ces points, acquiesça Antoine, je suis tout enclin à partager tes vues, mais non à ce qui se rapporte à des institutions stables et à notre « mémoire sociale ». Ont-ils quelque chose d’analogue à nos bibliothèques conservant le passé et résumant toutes nos sciences en dehors de nous ? Ont-ils à leur actif une manière d’existence entre la vie minérale et la vie colloïdale, ergo entre l’homme et la surface terrestre ? C’est peu probable.

— Ils doivent avoir mieux.

— On verra bien. »

Nos entretiens avec les Éthéraux devinrent de véritables causeries qui eussent été presque intimes sans un grave obstacle physiologique : ce que nous mettions une minute à dire, se déroulait, après les accélérations successives, en une fraction de l’ordre du trimillionième ; ils y répondaient avec la même vitesse, mais leurs paroles, après les ralentissements, nous arrivaient à la vitesse de nos voix.

Ils devaient, par suite, attendre nos réponses durant un temps immense par rapport à leur rythme d’existence. Au contraire, leurs réponses nous parvenaient instantanément, mais débitées