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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Il fallut tant de tâtonnements pour arriver à ce résultat, et l’intuition y joua un tel rôle, de la part des Éthéraux surtout, que je me sens incapable de l’expliquer — d’autant plus que ma mémoire n’a enregistré que des phases majeures, sans relations perceptibles entre elles. Ce fut, en un sens, le développement cérébral d’un petit enfant. Chaque jour apportait un élément de discrimination ; bientôt, il fut évident que les Éthéraux nous distinguaient individuellement et comprenaient le verbe qui commande tous les autres.

De notre côté, nous avions maintenant une perception assez nette du groupe avec lequel nous correspondions. Il se composait de neuf individualités très distinctes. De formes précises, ils n’en avaient point, mais chacun d’entre eux comportait douze petits centres lumineux, de nuances et d’intensités diverses, reliés par des raies et des hélices versicolores. La distance des centres, comme les mouvements des raies et des hélices, variait continuellement. A priori, ces mouvements rendaient impossible toute distinction précise entre les individus, mais à la longue, on finissait par les reconnaître, d’abord avec peine, puis assez aisément, grâce aux répétitions créatrices de l’habitude et de l’automatisme : d’ailleurs, pour variables que fussent les formes de nos correspondants, elles gravitent autour d’une forme moyenne.

Les progrès, en s’accélérant, devinrent si rapides que personne, je crois, n’aurait pu en définir les phases. Le fait est que les Éthéraux avaient pris le