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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Pendant des heures, on répéta sans relâche le mot homo.

La manœuvre n’exigeant guère d’attention, nous nous engagions dans des conversations erratiques ou de menus travaux.

Un soir, la voix de Jean m’éveilla d’une méditation :

« Le miracle est accompli ! »

Ses yeux clairs flambaient d’enthousiasme, ses joues tremblotaient.

« Hein ? cria Antoine dressé en sursaut.

Ils ont répondu !

— Non ? Non ? » fis-je, incrédule et crédule à la fois.

Il n’avait pas besoin d’insister : les ralentisseurs influençaient une plaque témoin, enduite d’une matière fluorescente et la plaque répétait, à intervalles réguliers : …   — — —   — —   — — —

Nous nous regardions, sidérés, puis Violaine murmura avec recueillement :

« C’est une ère nouvelle qui commence. »

Nous étions saturés d’enthousiasme. Si nous avions pu avoir un doute, il se serait dissipé lorsque Jean envoya un nouveau signal : « Je suis », qui fut immédiatement répété.

« Ah ! s’exclama Jean en joignant les mains ; si j’avais une foi quelconque, je prierais.

— Mais nous prions ! riposta Violaine. Notre tentative fut une longue prière. J’étais sûre qu’ils vivaient, mais je n’espérais vraiment pas qu’un lien s’établirait entre des êtres de matière et des êtres de rayonnement.