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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

l’essai a réussi, il y a des milliers de siècles que toute communication a cessé entre les vies lumineuses et nous. »

Il ajouta avec mélancolie :

« Cela s’est perdu ainsi que tant de choses admirables. Je ne connais même pas l’usage de la plupart des outils que vous voyez là. Comme je vous l’ai souvent dit, nous sommes de pauvres êtres en décadence, qui ne savons pas même le millième de ce qu’eux savaient, et notre puissance a diminué plus encore que notre savoir. »

Ainsi parla le Chef Implicite et je ne sais pourquoi ses paroles semblables à tant d’autres, où il constatait la déchéance des Tripèdes, nous frappèrent plus vivement que jamais.

Il ajouta avec une mélancolie paisible :

« Je suis seul à en souffrir et seulement certains jours. La décadence n’est pas un mal ; souvent, j’estime que c’est un bien. »

Après une pause, il reprit :

« Si seulement nous étions définitivement à l’abri des êtres arides, la vie serait heureuse pour les autres et pour moi-même. »

Mes compagnons, distraits, ne faisaient guère attention à ses propos. Le visage de Jean décelait une agitation croissante ; celui d’Antoine, contracté, marquait une préoccupation intense.

Quand nous nous retrouvâmes dans le Stellarium, Jean se mit à dire :

« Ce que les Tripèdes antiques ont peut-être fait, pourquoi ne pas essayer de le faire ?