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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

créatures périssables qui tentent désespérément de dépasser leur destin.

Qu’importe la durée qui limita le miracle ! Il ne laissa aucune lassitude ; rien qu’une langueur très douce et très tendre. J’étais « baigné » de mystère et je n’essayais pas d’y mêler des conjectures sur mon privilège : le certain est qu’en moi quelque chose s’accordait à la nature martienne, et en Grâce, un reflet de la vie terrestre.

Quand Violaine revint avec ses compagnons, elle remarqua, après m’avoir enveloppé d’un rapide coup d’œil.

« C’est étrange, je ne vous connaissais pas ce visage de rêve.

— Visage de rêve ? »

Je me troublai un peu, très peu, sous son regard clair.

« Eh oui ! dit-elle, je ne sais quoi d’halluciné ; cela ne vous va pas mal, du reste.

— Une tête d’autre monde ! fit Jean.

— Mais nous sommes dans un autre monde, intervint Antoine. Ici les visages ont six yeux et les crânes ne portent point d’oreilles. »

Violaine se tenait tout près de moi et demandait à voix basse :