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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Nous n’eûmes pas à nous demander s’il y avait des habitants : ils surgissaient de partout, se montraient le Stellarium et nous faisaient des signes que nous savions être des signes de bon accueil.

Car le Stellarium qui déjà avait passé partout lors de notre premier séjour, était connu de toute la population tripède. Il était devenu légendaire comme nous l’apprîmes bientôt : peu mystiques pourtant, les Tripèdes lui vouaient un culte, tous savaient que nous avions combattu victorieusement l’invasion zoomorphe sur le territoire de nos amis et dans les cités frontières : notre arrivée éveillait de vastes espérances.

« Stoppons ici, proposa Jean. Ces citadins donnent des signes d’agitation, j’ai envie de les voir de près.

— Oh ! moi aussi », s’exclama Violaine.

Le Stellarium se posa sur une hauteur qui dominait la cité.

Il fut convenu que je serais de garde. Le Chef Implicite descendit et je restai seul avec Grâce.

L’agitation de la multitude, accourue au pied de la colline, contrastait avec son silence absolu. En outre, les Tripèdes circulaient avec une légèreté qui, jointe à la raréfaction de l’atmosphère, amortissait le bruit de leur course. Ils enveloppaient Jean, Antoine, Violaine et le Chef Implicite en gesticulant avec frénésie. J’aurais été inquiet si je n’avais appris à connaître la douceur de ces Martiens. Il y eut un moment où nos hommes furent si étroitement cernés que j’avais grand-peine à les apercevoir, puis,