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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Nous avions dépassé les hautes cimes, nous voguions au-dessus d’une plaine sinistre où persistait le lit desséché d’un grand fleuve, puis vint une dépression plus forte où avaient bondi des flots de la mer. Grâce à la marche lente et aux arrêts du Stellarium, le Chef Implicite et sa fille pouvaient contempler à loisir le patrimoine ancestral, à jamais perdu, des Tripèdes.

Ils regardaient les sites avec un intérêt passionné, et surtout les Zoomorphes en nombre incalculable, paissant l’énergie du sol où glissant à toutes les vitesses, parfois aussi lents que les plus lentes tortues, tantôt plus rapides que les aigles en plein vol.

« Ils nous prendront tout ce qui nous reste », dit le Chef Implicite.

Il y avait, dans son attitude et l’expression de son visage, une révolte, une colère inaccoutumée.

« Il est moins résigné, remarqua Jean.

— Effet de la pression. »

Le Stellarium silla plus vite : nous vîmes apparaître une ville — comment la nommer autrement ? — amas ensemble chaotique et ordonné de tours hélicoïdes, de maisons en spirale, de pyramides sinueuses, de flèches qui eussent été gothiques sans leur contournement et de ruines quasi cyclopéennes.

L’ensemble avait une harmonie décorative qui me rappelait les dessins de médiums, parfois si fantastiquement séduisants.