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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

« Que je suis heureuse ! » fit-elle, les yeux étincelants.

Le Chef Implicite aussi semblait heureux. Ses mouvements comme son regard étaient plus vifs.

« C’est la pression, dit Antoine ; elle leur cause une sorte d’euphorie. On peut craindre de la fatigue à la longue : le Stellarium est pour eux un réservoir d’air comprimé. »

On ne peut pas dire que le Chef Implicite et Grâce nous écoutaient puisqu’ils ne nous entendaient point, mais ils devinaient que nous parlions d’eux. Et lorsque le Chef parla, en gestes un peu exagérés, ses propos s’ajustaient singulièrement à ceux d’Antoine.

« Avez-vous toujours autant d’air, là-bas, demanda Grâce.

— Oui, répondit Antoine, c’est notre pression moyenne.

— Elle explique, dit le Chef, votre supériorité, comme celle de nos lointains ancêtres.

— Quand la pression vous fatiguera, ne manquez pas de nous le dire. Nous ferons une sortie.

— Je ne crois pas qu’elle nous fatigue beaucoup nous avons un grand pouvoir d’accommodation, nous savons régler le rythme et rationner les prises d’air. En ce moment, nous respirons déjà moins vite ; si un malaise se produisait, nous respirerions moins vite encore.

— Sans avoir à y songer ?

— Machinalement. »