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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

ait rien d’équivoque, ne suscitent-ils pas souvent la jalousie d’une femme passionnée ? Et, après tout, même la prédilection pour des roses peut porter ombrage, lorsqu’elle absorbe trop l’être aimé.

Je me perds dans le vide. Violaine ne devinera jamais ce qui se passera entre Grâce et moi, et le reste est littérature.

Le Stellarium abrite depuis hier Grâce et le Chef Implicite. Grâce est ravie de nous voir constamment tels que nous sommes, délivrés des appareils respiratoires. Hors du Stellarium, elle ne m’a vu que par intervalles, lors du premier séjour.

Elle dit naïvement[1] :

« Les hommes sont bien plus beaux que nous ! Quelles pauvres créatures nous sommes devant vous, devant Elle surtout ! La Terre qui l’a produite est divine. »

Je répète ses paroles à Violaine, qui est assez coquette pour en être ravie. Elle répond :

« Dites-lui que je la trouve très belle. »

Les yeux de Grâce deviennent éblouissants : c’est une symphonie de feux versicolores, qui fait songer à un sextuor de lumière.

« À côté de ces yeux-là, murmure Violaine, les nôtres ne sont que de mornes lumignons. »

Il est entendu d’abord que nous ferons, en tous sens, un voyage d’exploration, non seulement au-

  1. Le lecteur ne perdra pas de vue que la conversation avec les Martiens ne comporte que des signes.