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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

betteraves. Elles ne semblaient pas autrement troublées par notre présence, tandis qu’elles manifestèrent une vive agitation en voyant survenir deux énormes Aériens qui s’arrêtèrent planants au-dessus de la clairière.

« Les aigles de Mars ! s’exclama Violaine.

— Plutôt les condors. »

Les cinq ailes couleur d’émeraude vibraient doucement ; on voyait étinceler les yeux multiples. En guise de becs, des gueules en entonnoirs. Les bêtes orange s’arrêtèrent de paître ; elles se serraient les unes contre les autres en tremblant.

« Vieille scène terrestre, en somme, malgré la différence des organismes, fit Jean. Mars à engendré la vie féroce tout comme chez nous. Si les Tripèdes en ont fini avec la guerre entre eux, leurs ancêtres ont dû se massacrer comme les nôtres.

— En ce sens, la vie zoomorphe serait un progrès vers moins de cruauté, puisque la proie est seulement « exploitée ».

— Et les Éthéraux ? demanda Violaine.

— Nous n’en savons proprement rien encore, mais nous avons supposé qu’ils ne se détruisaient aucunement entre eux. Comme je voudrais trouver un moyen de communiquer avec eux ! » répondit Jean.

Les Aériens, après avoir décrit plusieurs cercles, s’abattirent comme des blocs. L’un d’eux saisit une créature serpentine ; l’autre s’arrêta à quelques toises de hauteur.

« Jouons le rôle de providence.

— Il suffira d’avancer », affirma Violaine qui