Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensuite cinquante francs, avec la manière de les offrir !… Georges se rabattait sur les facilités qu’offriraient un naufrage et une île déserte.

Avec Doña Sol, il aurait eu moins de peine. Elle était prompte et marchait à son caprice. C’était une fille longue et toutefois sans angles. Ses yeux démesurés et creux n’allaient pas sans un brin de folie. Elle avait cette peau qui semble usée par des veillées crapuleuses et ces gestes qui prolongent de secrètes caresses. Elle fleurait le benjoin et le musc épais des usines, elle tapait sur les bras des hommes, elle racontait de brusques anecdotes qui s’annonçaient graveleuses et finissaient innocemment. Personne ne savait plus, ni elle-même, pourquoi, étant née Augustine Reymond, on l’avait baptisée Doña Sol.