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De-ci, de-là, les journaux laissaient transparaître l’horreur sale et lugubre de la guerre. Cette bataille qui ne cessait jamais, où la mort frappait inlassablement, offrait une pâture inépuisable à l’imagination de Georges. Il se voyait pulvérisé par un obus, enseveli dans la terre ou lamentablement mutilé ! Résisterait-il à la boue, au froid, aux insomnies ; aurait-il les pieds gelés ou les membres perclus par le rhumatisme ?

Parfois, il ne pouvait songer qu’à la défiguration. Alors, sans relâche, il s’adaptait toutes espèces de visages qui se succédaient comme sur l’écran d’un cinématographe. À d’autres moments, il attendait, sur un lit de torture, qu’on vînt le saisir et le remettre aux mains sinistres…

Souvent aussi, il recevait une de ces blessures qui font hurler jour et nuit sans que,