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un désir si beau, si poignant et si pathétique, qu’il ne savait pas si c’était une joie ou un désespoir.

Trois jours de suite, il se mit en route pour aller voir Rose. Quand il arrivait en vue de la maison, une terreur tragique lui fauchait les chevilles. Les parents et Émile savaient… On le jetterait à la porte. Rose serait emprisonnée. Les images folles le suivaient, si rapides qu’il en suffoquait, et quand il parvenait à les chasser, il demeurait sans force, saisi d’une peur vide, aussi déprimante que la peur imagée.

Comme il errait, le quatrième jour, près de la demeure enchantée, Émile Bonnefoz parut. Et soudain, Émile lui fut très cher. Il ressemblait extraordinairement à Rose, par le disparate des yeux bruns et des cheveux blonds, par le teint, la bouche et presque la