Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il allait, suant d’enthousiasme. La voix intérieure répétait : « Elle a dormi avec lui ! »

Après plusieurs tentatives infructueuses, Georges réussit à jeter un coup d’œil sur Marie. Ce fut un coup d’œil très court et invraisemblablement complet. La chanteuse se clicha sur la rétine avec une telle force que jamais cette effigie ne se confondrait avec aucune autre. Le visage était las et mal poudré, les yeux brumeux, les lèvres pâlissantes. Les paupières étaient meurtries. « Elle a pris du plaisir avec lui ! » songea brutalement Georges. Un sanglot lui monta par la poitrine, qu’il étouffa comme il eût étouffé une bête. Il revit de nouveau, mais mieux encore, l’acte. Les yeux de Marie chaviraient, ils avaient cette expression que Georges adorait hier, quand l’iris devenait tout mince, la