à son tempérament, sans l’horreur du servage militaire que vint surexciter le retour d’Anselme Perregault. Et cette vie si bien amenuisée, si logique et si égale, dont rien ne semblait devoir troubler l’ordre et le rythme, se tournait contre elle-même et préparait sa propre catastrophe !…
Alfred Casselles poussa un soupir rauque et regarda, par sa petite fenêtre, le vaste monde qui s’élevait des usines, des terrains vagues, de la Butte-aux-Cailles, des fortifications, jusqu’aux nuages pâles, et des nuages jusqu’aux cavernes de l’Éther, peuplées d’astres vivants et d’astres morts, de nébuleuses et d’incommensurables amas de « brouillards sans forme ».
Il songeait :
« Quand ont-ils trouvé son corps et où l’ont-ils porté ? »
Il entr’apercevait des sergents de ville, des inspecteurs de la Sûreté, des officiers, un commissaire de police, un juge d’instruction. C’étaient les chasseurs lancés à la poursuite d’Alfred Casselles. Comme les veneurs, les gardes et les chiens, ils relevaient les traces du fauve, discutaient ses brisées, additionnaient les faits et accumulaient les hypothèses. Il y avait aussi la vieille femme borgne, le charretier, le garçon marchand de vins. La vieille femme pérorait dans ces groupes qui s’assemblent aux lieux des catastrophes ; le garçon marchand de vins voyait s’accroître sa clientèle, qui ne s’entretenait que du crime ; les clameurs, le passage de gens hâtifs et les rassemblements brusques, intriguaient le charretier. Songeaient-ils à Casselles ? La vieille et le garçon marchand de vins établissaient-ils une corrélation entre ses rôderies près des fortifications et la mort du lieutenant ? Le voiturier soupçonnait-il que l’individu pâle, aux yeux évidemment étranges, était l’assassin ? Avaient-ils porté leur témoignage et la Sûreté suivait-elle la bonne voie ?