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rante. Mais aujourd’hui, la production de la nourriture n’est qu’un jeu d’enfant. C’est si vrai que, même sous notre régime capitaliste, où l’on réduit volontairement les cultures, tous les grands ports sont assiégés par des cargaisons de riz, de blé, de viande, de coton, de sucre, d’épices. Les études pratiques des agronomes et des éleveurs ont porté la culture des céréales et l’engraissement du bétail à un tel degré de perfection, qu’il n’y a pour ainsi dire plus de progrès à faire. Par suite, le temps est venu de confier aux communautés ces travaux où l’initiative individuelle se démontre inutile et même nuisible. Elle porte, en effet, à des accaparements, à des restrictions, à des gaspillages d’intermédiaires. La spéculation est plus malfaisante encore ! D’une substance dont le prix pourrait être aussi fixe que le prix de l’eau et du gaz, on fait je ne sais quelle valeur soumise à tous les aléas des bourses et des courtages, sans compter l’intervention d’une marchandise fictive, dont les oscillations agissent sur les cours réels : personne de vous n’ignore qu’à la Bourse du commerce il se vend et s’achète mille fois plus de grains, de sucre, d’huile, d’alcool, de farines, qu’il n’en existe en France ! C’est introduire la complication pour la complication même ; c’est faire d’une chose simple, bien connue, facile à évaluer, une denrée fantastique, un produit distribué par les charlatans, les joueurs, les escrocs… Non ! non ! camarades, il n’est pas utile que le blé soit cultivé par des particuliers, il n’est pas utile qu’il soit acheté et revendu par des spéculateurs, il n’est pas utile que le pain soit fabriqué par des boulangers interlopes, dans des fournils malsains et puants, selon des procédés aussi baroques que malpropres ! Et il n’est pas difficile d’imaginer ce que seraient la culture, la répartition et la boulange communistes. Chacun de vous voit sans peine de vastes surfaces cultivées scientifiquement, par un