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— Camarades, tâchons d’être calmes. Cette soirée a été organisée dans un but… un but spécial… je dis bien, spécial ! On va échanger les idées… les grandes idées… la théorie, quoi !… la philosophie économique et sociale. C’est une soirée de propagande, c’est pas une soirée électorale. Le citoyen Rougemont a voulu répondre au défi du citoyen Deslandes…

— La ceinture d’or !

Combelard tourna sa face hilare vers l’interrupteur :

— La ceinture d’or si on veut. La ceinture d’or des lutteurs de la pensée ! Vous jugerez les coups, camarades. Vous serez des juges impartiaux. Et pour commencer, il s’agit d’être beaux joueurs… Nos adversaires ont participé à l’organisation de cette conférence… Comme il faut rendre à César ce qui revient à César, c’est juste qu’ils aient un homme au bureau.

— Ce qui serait juste, mugit Sambregoy II, c’est qu’il y eût deux présidents !

— Qu’on le torche !

— Qu’on l’enduise de pétrole !

— À la fourrière !

Combelard posa les deux mains sur ses mamelles :

— Camarade Sambregoy, personne plus que moi n’en serait partisan. Mais c’est contre l’organisation. Depuis que le monde est monde, y a jamais eu deux présidents dans une assemblée. Même les sauvages qui fument le calumet, n’en ont qu’un seul… qui est le « sachème »… Je mets aux voix le deuxième assesseur… J’ai entendu le nom du citoyen Delestang.

— C’est un poisson !

— C’est une grenouille !

L’élection s’acheva.

— La séance est ouverte, déclara Combelard. Le camarade Rougemont a la parole.