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ronnante recouvraient une ville morte. Or, les ferromagnétaux attiraient le fer souterrain à une distance d’autant plus grande qu’ils étaient eux-mêmes de plus forte taille. Les derniers venus, les Tertiaires, comme les surnommait Targ, pouvaient ainsi, pourvu qu’ils y missent le temps, puiser à plus de huit mètres. Par surcroît, les déplacements du métal, à la longue, ouvraient dans la terre des brèches par où les Tertiaires pouvaient s’introduire. Les autres ferromagnétaux déterminaient des effets analogues, mais incomparablement plus faibles. D’ailleurs, ils ne descendaient jamais dans des profondeurs de plus de deux ou trois mètres. Pour les Tertiaires, Targ ne tarda pas à constater qu’il n’y avait guère de limites à leur pénétration : ils descendaient aussi loin que le permettaient les fissures.

Il fallut prendre des mesures spéciales pour les empêcher de miner le sol où habitaient les deux familles. Les machines creusèrent, sous l’enceinte, des galeries dont les parois furent doublées d’arcum et plaquées de bismuth. Des piliers de ciment granitique, assis sur le roc, assurèrent la solidité des voûtes. Ce vaste travail dura plusieurs mois : les puissants générateurs d’énergie, les machines souples et subtiles, permirent de l’exécuter sans fatigue. Il devait, selon les calculs de Targ et d’Arva, résister pendant trente ans à tous les dégâts des Tertiaires, et cela dans l’hypothèse que la multiplication de ceux-ci serait très intense.